Interview de la Sorcière de Fer

Les personnages du « Page de l’Aurore » : l’Antagoniste

J’ai eu le plaisir de vous présenter le gentil Chevalier Cœur de Lorelonne, héros de mon roman Le Page de l’Aurore. Mais que serait un roman sans antagoniste ? Il est temps de découvrir l’interview de la redoutable Sorcière de Fer, Reine du pays de Torraure.

Retrouvez ici la présentation et le casting de tous mes personnages.


J’attends dans une salle glaciale. Devant moi, un large bureau tout en fer supporte quelques boîtes rangées avec une symétrie maniaque. Il fait sombre, les rideaux sont tirés. Quatre personnes vêtues de rouge se tiennent sur les côtés de la pièce sans dire un mot.

À l’heure exacte fixée pour le rendez-vous, une porte claque et une haute silhouette apparaît, toute carapacée dans une robe de fer – ou est-ce une armure ? La Reine de Torraure s’avance jusqu’à son bureau, s’assoit avec raideur et me jette un regard dédaigneux. Je suppose que je peux commencer.

Bonjour, Madame … Comment puis-je vous appeler ? « Sorcière de Fer », ça ne me semble pas très sympathique, n’est-ce pas ? Vous avez bien un petit nom ?

Je tente un clin d’œil. C’est un échec.

Bien… Pas de nom, donc. Peut-être pouvez-vous nous donner d’autres détails à votre sujet ? D’où venez-vous ? Avez-vous toujours vécu en Torraure ?

La Sorcière continue à me fixer d’un regard perçant. Elle ne répond pas.

Je vois, vous n’appréciez pas vraiment les familiarités. Très bien. Vous êtes la souveraine de Torraure depuis vingt ans, c’est cela ? C’est impressionnant !

Toujours pas de réponse et toujours ce regard… Je commence à me sentir mal.

Personne ne sait vraiment comment vous avez grandi ni où, mais vous êtes autrefois devenue l’épouse du prince Exteltis, le fils cadet du roi Préampor qui régnait sur Torraure depuis de longues années. Puis… Votre belle-famille a, disons… manqué de chance. Vos beaux-frères, vos belles-sœurs et votre neveu ont connu des fins tragiques dans la décennie qui a suivi votre mariage. Votre propre époux a perdu la raison. Si bien que lorsque le vieux roi Préampor est mort à son tour, il ne restait plus que vous… Qu’avez-vous à dire à ce sujet ?

Pour la première fois, la Sorcière se met à sourire lentement, d’un seul côté du visage. On dirait qu’elle s’amuse d’une private joke avec elle-même.

C’était facile.

Ah ! Vous revendiquez ces crimes ?

Bien sûr que non. Daldurian et Voramée ont été victimes d’un accident de montagne, Iprion a été atteint d’une fièvre, Alphiana est morte en couche et Sermiose a été assassiné par le Royaume d’Or. Quant à Préampor, ce vieux matou a fait une chute de cheval. Je n’y étais pour rien. Mais je ne les ai certainement pas pleurés. Cette famille d’incapables gérait Torraure n’importe comment. J’y ai mis bon ordre.

Ça, on peut dire que vous faites régner l’ordre. Certains vous accusent de faire régner la terreur, d’appliquer une discipline arbitraire, une justice expéditive et sans procès !

Qui dit cela ?

Comme si j’allais vous le dire…

Je n’ai rien à me reprocher. Tout le pays mange à sa faim et les criminels sont punis comme ils le méritent.

C’est vrai, les récoltes sont toujours excellentes en Torraure depuis que vous régnez et le pays est prospère. On dit que vous avez des pouvoirs magiques. Comment les avez-vous acquis ? Avez-vous eu des maîtres, des mentors ?

Je lis beaucoup.

Je vois. Par ailleurs, je crois savoir que vous avez encore une nièce ?

Nouveau silence. Nouveau regard glacial. Je raye une autre question de ma liste.

Très bien… Pour finir, nous direz-vous d’où vous vient cette passion pour le fer ? Votre mobilier, votre couronne, votre canari, les murs même… Il y en a partout !

Ce n’est pas un canari, c’est un merle. Et c’est tout ce que j’ai à vous dire. Sortez.


Retrouvez sans attendre notre charmante sorcière dans les pages du Page de l’Aurore ! Je vous laisse imaginer ce que donnera sa confrontation avec Cœur…


Article originellement publié sur mon blog « L’Astre et la Plume » : Les personnages du Page de l’Aurore : l’Antagoniste

Crédits image : israel palacio on Unsplash

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